Le pouvoir de créer n’appartient pas à l’artiste, il est le premier principe de l’univers, nous ouvrons pour voir où naît la source.
Brins d’herbe, Le souffle de l’esprit, Carolyn Carlson
Cet atelier d’écriture et de marche s’intitule « Paris-Kriti », car sa particularité est de se déployer en deux temps/dynamiques et deux lieux, sur une durée de neuf mois.
15 séances étalées sur les mois parisiens et 7 sur la semaine en Crète (Kriti en grec).
Avec cette idée au centre : cheminer peu à peu, pas à pas, très patiemment, voire méticuleusement, tout le long de l’itinéraire parisien, afin de préparer chacun des participants à embrasser le plus largement possible, la généreuse intensité de l’expérience de la semaine en Crète, et atterrir ensuite en quelques séances.
En somme, un petit groupe de sept participants qui va se déployer :
> Partie I – Paris
Automne-Hiver-Printemps, deux ateliers d’écriture de 2h30 par mois, les mercredis de 19h à 21h30.
> Partie II – Kriti
Une semaine de marche et d’écriture en Crète, dans la vallée d’Amari, sur la deuxième quinzaine du mois de Juin (départ le samedi, retour le samedi).
Ce qu’il est important de préciser, c’est que cet atelier ne s’adresse pas à des personnes cherchant à élaborer un projet d’écriture quel qu’il soit (roman, nouvelles, scénario…).
C’est un « atelier de réparation », pour reprendre la formule de Francis Ponge. Et aussi immense que ce mot puisse être, oui, il y est question de métamorphose, de la plus subtile à la plus profonde.
L’atelier part du principe que la créativité est le principe premier et n’appartient pas à l’artiste (ou bien alors à l’artiste en chacun).
Qu’on ne peut pas bien ou mal écrire, dans cet espace-là. Que les histoires de style, n’ont rien à y faire. Qu’il est bien plus question d’écrire avec son corps et des mots sentis par soi.
Et que l’écriture et la marche sont les deux outils qui nous remettent le plus naturellement au cœur et à l’œuvre de cette créativité propre à chacun.
Et qu’ainsi, reprenant la main sur le stylo, cherchant patiemment à se saisir des mots au plus près de son expérience, la partageant et partageant celle des autres, puis retrouvant son rythme singulier, au contact d’une île-source, aux multiples visages, on reprend peu à peu, pas à pas, la main sur sa narration, on remet en jeu son dialogue avec le monde, et on refait l’expérience de sa puissance (au sens où l’emploie Gilles Deleuze, notamment dans la lettre J comme Joie de son Abécédaire).
Que viennent chercher les participants, dans cet atelier ?… Je crois que certains ne le savent pas bien eux-mêmes. Un élan, une curiosité, une envie d’explorer l’écriture, de relancer sa créativité, une période un peu délicate à traverser, une transition professionnelle et son vide angoissant, un double-burn out et sa lente reconstruction, un besoin de réparation, une envie de changement, un temps pour soi…
J’ai entendu un peu de tout cela.
Mais au retour de Crète, le même mot à la bouche : « c’était magique ». Comme si nous avions cheminé patiemment pour construire cette magie et la vivre.
Ce qui s’y joue, selon moi, c’est un temps en retrait du reste – propre à l’auteur qui se met à sa table pour écrire, mais aussi à l’acteur qui cherche dans sa salle de répétition, ou encore à l’artisan dans son atelier – un temps donc, de tranquillité créative, où retrouver, reprendre contact avec son ένέργεια (la plénitude de sa présence) et une certaine φιλία (amicalité) envers le monde.
Depuis longtemps convaincue des vertus de l’écriture et de la marche ensemble, et cherchant toujours un biais pour « l’incarnation », je rêvais de construire un itinéraire qui se décline dans ces deux dimensions.
Et ayant une relation intime à l’île de Crète par mes origines, d’y dérouler le process.
L’île est un joyau dans sa morphologie si diverse, qui lui vaut souvent le nom de « petit continent » et qui fait qu’elle est étudiée par les géologues du monde entier.
Une de ses spécificités étant d’être à la fois dans un climat continental (au nord) et un climat semi-désertique (au sud).
Elle peut changer du tout au tout en seulement 10 kilomètres. Des sentiers verts, aux gorges rocailleuses, au Mont Psiloritis enneigé, en passant par un lit de rivière exotique, jusqu’à la mer du Sud…
Le tout, dans cette luminosité intemporelle qui n’a eu de cesse d’alimenter le miracle grec.
L’île, hors saison, hors des sentiers battus, offre une expérience hors du commun.
Et j’ai la chance d’être amie depuis trente ans avec Georges, un guide de montagne crétois totalement francophone (il a fait six années d’étude en France, Sciences po et Sciences Eco à la Fac), grand spécialiste de la faune et la flore locale (il a aussi une formation en géologie), et d’un rationalisme à toute épreuve qui fait une alliance toute à fait intéressante (et hautement comique parfois, il faut bien la reconnaître) avec mon approche créative (très portée sur la symbolique), qui nourrit énormément le groupe.
Cet atelier d’écriture et de marche, est un peu le projet « somme » de tout mon parcours.
Aussi bien du point de vue de mes apprentissages que de mes pratiques professionnelles, que de mes expériences, mais aussi de mes origines et de mon histoire.