Présentation faite à « L’Académie du Coaching ». (04/07/2018)

Ce livre, comme son titre l’indique a deux objectifs : situer La G-Thérapie dans une filiation philosophique et psychologique, tout en mettant en valeur son originalité.
ET, transmettre quelques points de repères théoriques, cliniques et méthodologiques qui fondent la posture du G-thérapeute.

Pour commencer, posons-nous un instant sur ce mot, GESTALT.

Selon Chantal Masquelier-Savatier, son sens reste énigmatique. Il n’y a pas un mot qui le traduit pleinement.

Souvent on utilise le mot «forme». Mais c’est plus complexe.

Pour Laura Perls – une des identités fondatrices de la G-T. – on peut le voir comme un mot recouvrant une multitude de concepts reliés les uns aux autres :

La contenance d’une personne,
son allure, sa silhouette, sa forme, sa figure,
une configuration, une entité structurelle,
et le tout, à la fois plus que la somme des parties,
et différent de celle-ci.

Et le verbe gestalten est même préférable car il comporte l’idée du mouvement : prendre forme, se constituer, se construire, s’organiser, se structurer.

Donc en fait, on parle là, d’un processus de formation, de transformation. De formes en formes. D’instants en instantsPas à pas. 

Et l’auteur nous dit qu’on pourrait – concernant la relation du G-thérapeute et de son patient – parler d’une sorte de danse – et là vous me voyez venir avec mes gros clignotants de coaching – une sorte de danse où les pas de l’un énergétisent les pas de l’autre, et où l’on s’accorde, pour inventer une danse commune.

Une co-création en somme, qui n’annule pas la créativité de l’un ou de l’autre, mais au contraire la potentialise.

Maintenant que nous avons posé ce mot, qui est un premier ancrage, ça nous amène naturellement à tous les autres (fig.1, en bas de page).
Il faut savoir que la Gestalt-Thérapie s’ancre dans la Gestalt-théorie – parce que oui, il existe une Gestalt-théorie qui précède la Gestalt-thérapie – mais aussi :

dans la psychanalyse, la psychologie sociale, 
la psychologie humaniste,
ainsi que la phénoménologie et la philosophie existentielle,
et enfin, les approches corporelles et la philosophie orientale.

Mise en garde de l’auteure : la multi-référentialité peut amener amalgames et brouillage de limites.
Selon elle, si nous gardons un axe directeur ce serait, la filiation directe avec la gestalt-psychologie – du nom de baptême – et l’ancrage phénoménologique, qu’elle appelle le bain nourricier.

D’emblée, avec ces différents enracinements on perçoit bien l’amplitude que j’évoquais : parler de Gestalt-Thérapie c’est entrer dans une vision du monde.

À l’image de cette multi-référentialités, l’élaboration de la gestalt-thérapie, est le fruit d’un travail collectif, qui part de la Vieille Europe et qui rencontre le Nouveau Monde, tout en parcourant les trois quarts du XXème siècle. 

Fritz Perls, par ex, le mari de Laura Perls que j’ai cité plus haut, et qui est lui aussi une des personnalités fondatrices de la G-T, est né en 1893 à Berlin et, est mort en 1970 à Chicago.
Entre les deux, il a fait le tour du monde.
C’est un clin d’œil, mais ça donne bien à voir ce par quoi cette élaboration a pu être traversée et traverser elle-même.

Enfin pour info, LE livre « Gestalt-Therapie » est sorti en 1951.

Si nous rentrons à présent dans l’assise théorique, on pourrait dire qu’il y a 2 piliers fondamentaux à la G-T. :
LA THÉORIE DU SELF et LA PERSPECTIVE DE CHAMP. 

Il semble important d’isoler d’abord 4 notions clés, essentielles à l’approche dans son ensemble, et qui font partie de la théorie du self (fig.2, en bas de page): 

Notion 1 : champ organisme/environnement
S’il y a bien une hypothèse de base c’est que: L’homme est inséparable de l’environnement. 
Ils sont indissociables et s’influencent l’un l’autre.
Comme on ne peut parler d’alimentations sans mentionner les aliments, de la vue sans évoquer la lumière, la parole sans interlocuteur…
Et bien là c’est pareil, et la vision holistique de l’homme non séparé de l’univers est vraiment le fondement de l’approche gestaltiste.

Notion 2 : frontière/contact
C’est Le lieu.
Le lieu d’échange entre organisme et environnement, qui à la fois relie et différencie, l’expérience première, le contact.
C’est le toucher touchant quelque chose. 
Par ex, la peau.
On définit même la Gestalt-thérapie, comme un art du contact, une thérapie du CONTACT.

Notion 3 : ajustement créateur- ajustement conservateur
C’est l’élan.
L’élan qui pousse l’organisme à s’adapter continuellement à la nouveauté. 
L’ajustement conservateur qui est nécessaire à la survie, et l’ajustement créateur qui permet la croissance.

Notion 4 : le self
C’est le système.
Le système de contacts à tous les instants. 
Ses variations suivent les besoins organiques dominants (tout ce qui met en mouvement) et la pression des stimuli de l’environnement.
Donc à distinguer, de la notion de SOI !
Ce n’est pas le sujet ni la personne.

De là, nous pouvons en venir à la «séquence de contact». La séquence entre thérapeute et patient, à proprement parler. 

4 phases se distinguent, mais par phases il faut plutôt visualiser des vagues, quelque chose qui se remanie continuellement (fig.3, en bas de page):

LE PRÉ-CONTACT : « la sensation »
Nous sommes poussées vers quelque chose sans savoir quoi. 
C’est à partir du corps que le besoin se fait sentir.
Donc l’attention du thérapeute va porter sur la manière dont les patients arrivent, se meuvent et se calent sur leur siège.

LA MISE EN CONTACT : « l’excitation »
C’est-à-dire laisser monter l’excitation nécessaire, afin de s’orienter vers l’environnement.
Comme une rotation de l’organisme, on se décentre d’ici (mes sensations) pour aller là-bas (vers l’entourage). 
Et c’est à ce moment que l’émotion apparaît, dans la confrontation avec l’extérieur.

LE PLEIN CONTACT : « l’accomplissement »
C’est faire place à l’objet choisi, qu’il vienne en figure, et lâcher prise.
Pour s’immerger totalement dans un moment de rencontre avec lui, un contact nourrissant. 
C’est le moment du « nous », et pas forcément un moment idyllique.
Le contact final en fait, qui ne signifie pas la fin du cycle mais son objectif.

LE POST-CONTACT : « l’assimilation »
C’est le moment de retrait pour assimiler la nouveauté. 
L’organisme prend le temps de digérer l’expérience vécue pour l’intégrer à son histoire. Quelque chose se boucle dans la séance mais démarre dans la vie.

À présent, abordons le deuxième pilier : « la perspective de champ »

La perspective de champ c’est prendre en compte la totalité des phénomènes en jeu dans une situation. Notons cinq principes (fig.4, en bas de page):  

1er principe : organisation
La signification 
d’un simple fait dépend de sa position dans le champ.
Me tenir debout et faire cette présentation, devant vous, n’est pas comme me tenir debout et faire cette présentation, devant ma glace.

2ème principe : contemporanéité
Le passé et le futur se concentrent dans le présent. 

Là, par ex, j’essaie d’être particulièrement avec vous, parce qu’à notre dernière séance de pairs les filles m’ont dit que ce passage était celui où on pouvait le plus décrocher, or j’aimerais bien qu’à la fin de cette présentation, il vous reste un petit quelque chose de la perspective de champ.

3ème principe : singularité
Chaque situation est unique, innovante. 

Là, par ex, c’est la 7ème présentation d’un bouquin depuis le début de la formation, et comme chaque fois il y a un livre, nous tous, le board, les 20 minutes, et pourtant comme chaque fois, tout est différent.

4ème principe : processus changeant
L’expérience est provisoire, la vérité d’un moment n’est pas celle du suivant. J’ai bu une gorgée avant de commencer, parce que j’avais la gorge sèche à cause du trac, et là je viens de reboire une gorgée, mais j’ai plus le trac, j’ai juste soif.

5ème principe : rapport pertinent
Chaque élément de la situation en cours contribue à son organisation. 
Même silencieux, même invisible.
Le fait par ex, que Valérie Andrianatrehina ici présente, soit gestalthérapeute, n’est pas exactement neutre, pour les filles et moi, quant à cette présentation.

Donc, la perspective de champ nous oblige à prendre en compte notre présence et notre implication dans la construction de la relation.
Nous avons une influence sur l’autre et « nous sommes crées par les situations autant que nous les créons ».

Pour finir, nous aimerions aborder la troisième et avant-dernière partie du livre, consacrée à la « posture » du Gestalt-thérapeute.

Quatre idées fortes se dégagent quant à l’ouverture de cette posture (fig.5, en bas de page):   

« ETRE LA »,
car il s’agit bien d’être et pas de faire.

Et ce positionnement incite le thérapeute à découvrir, inventer et développer sa propre manière d’être. 
Acquérir une forme de confiance en soi qui donne l’assurance qu’il suffit d’être là pour permettre une nouvelle expérience. 
Alors sobrement et humblement bien sur, artisanalement, j’ai envie de dire. Avec 4 repères :
-la présence : « je suis là, je reste là, avec vous, quoiqu’il arrive ».
-la conscience, immédiate et sensible, animale, instinctive, où tous nos sens collaborent, et notre conscience plus réflexive, autorégulatrice disons.
-l’ouverture, ratisser, récolter/se garder de toute hâte, prendre son temps/et balayer large, c’est complexe.
-le pas à pas, sentir, puis ressentir, puis identifier, puis exprimer.

« ETRE UN CORPS PLUTOT QU’AVOIR UN CORPS », 
nous sommes corps et nous contactons pas le corps.

Se poser, pour bien sentir ce qui se passe au niveau corporel.
S’éveiller, s’exercer à sentir, ressentir et nommer « son éprouvé ».
S’incorporer, il n’y a pas de scission. 
S’émouvoir, l’accès à nos émotions est corporel. 
Se mouvoir, le corps est mouvement.

« LE SOUTIEN EST UN ANTIDOTE À LA HONTE »

– Accueillir cf Rogers
– Soutenir to support > Capacité du thérapeute à rejoindre le patient là où il est, à cet instant là, pour entrer en résonance avec lui, sans vouloir le tirer vers le haut ou vers l’avant. Et lui donner la sécurité suffisante pour faire un pas de plus vers nouveauté.
– Contenir : entourer, envelopper pour ne pas lâcher ou abandonner. 
– Tenir : Il ne s’agit plus seulement d’être-là, mais de rester-là.

« CO-CONSTRUIRE », 
trois thèmes chers à la Gestalt-T ont retenu notre attention :

– Créativité: réveiller le potentiel créateur, la possibilité de chacun de s’adapter à une situation nouvelle plutôt que de s’enferrer dans des comportements obsolètes, inadaptés à la nouveauté des évènements.

– Construction de sens : voir le parcours thérapeutique comme une entreprise de co-écriture dont les co-auteurs seront d’autant plus fertiles et leurs créations d’autant plus riche, que leur relation favorisera cette créativité. On cherche ensemble, il n’y a pas de réponse toute faite.

– Dévoilement : Le dévoilement du thérapeute. Pas de la personne du thérapeute, mais du dévoilement par le thérapeute de ce qui émane de la situation commune. C’est l’outil majeur de la co-construction. Tant la « donation de l’éprouvé » dans l’ici et maintenant peut-être un véritable cadeau. Mais à manier avec prudence, et à ranger dans la catégorie outils qui impliquent thérapie personnelle et supervision, of course.

Ce qui nous a beaucoup interpellé dans cette posture du G-t, c’est cette idée d’abandonner sa position d’expert, de laisser son savoir au second plan, pour s’impliquer dans la situation, en tant que personne. 

Il ne s’agit pas d’envahir le patient en racontant sa life, mais seulement de dévoiler une part de son expérience dans l’instant pour permettre au patient un pas de plus dans le déroulement du processus.

Pour conclure, Valérie Andrianatrehina dit que la Gestalt-thérapie s’apparente « à une épiphanie de la rencontre : des « moments d’intense révélation » surgissant « de façon souvent imprévue » et menant à une découverte, une compréhension qui, dans l’instant, réduit la distance de soi à soi, nous faisant un peu moins étrangers à nous-mêmes ».

Du coup, j’aimerais revenir sur la dimension énigmatique du mot gestalt, évoquée en introduction, car au fond, elle nous renvoie à une énigme fondamentale qui est qu’on ne devient pas soi par soi, mais par l’autre. 

Et que donc, comment, en ce qui nous concerne tous ici, le coaching peut être ce lieu de co-construction d’une expérience qui rend autre.
Et qui permet à notre coaché d’éprouver une autre façon d’être, à partir de ses ressources.

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M.

Marcher

« Revue de lecture. »

« La liberté suspensive offerte par la marche. »

« La liberté en marchant c’est de n’être personne. »

« Se délester du fardeau des soucis, oublier un temps ses affaires. »

« La marche seule parvient à nous libérer des illusions de l’indispensable. »

« Entailler l’opacité du monde. »

« L’appel du sauvage. »

« Une force pure au milieu des grands arbres. »

« L’évidence retrouvée du silence, d’abord comme transparence. Tout est calme, attentif et tout repose. »

« Le marcheur se rendant présent à la présence. »

« Marcher. Cela saisit d’abord, comme une immense respiration des oreilles : on reçoit le silence comme un grand vent frais qui chasse les nuages. »

« Marcher fait taire soudain les rumeurs et les plaintes, arrête l’interminable bavardage intérieur par lequel sans cesse on commente les autres, on s’évalue soi-même, on recompose, on interprète. »

« Marcher fait taire l’indéfini soliloque où remontent les rancoeurs aigres, les contentements imbéciles, les vengeances faciles. »

« Ne devenir plus qu’un corps interminablement marchant. »

« À sa cadence. »

« Parce qu’il s’agit bien, en marchant, de trouver son rythme fondamental, et de le garder. »

« Parce qu’aller à son pas, ce n’est pas marcher de manière absolument uniforme, totalement régulière. »

« Accompagner le temps, se mettre à son pas comme on fait avec un enfant. »

« Une fois dehors, le corps va à son rythme et l’esprit se sent libre, c’est-à-dire disponible. »

« Redécouvrir la légèreté de vivre, la douceur d’une âme librement accordée à elle-même et au monde. »

« Sa profonde harmonie intérieure. »

« La disponibilité, c’est une synthèse rare d’abandon et d’activité. »

« Penser en marchant, marcher en pensant, et que l’écriture ne soit que la pause légère. »

« On n’écrit bien qu’avec ses pieds. » (Nietzsche – Le Gai Savoir)

« Il est vain de s’asseoir pour écrire quand on ne se s’est jamais levé pour vivre. » (Thoreau – Journal)

« Marcher longtemps pour retrouver en lui l’homme d’autrefois, le premier homme. »

« Il faut marcher longtemps pour réapprendre à s’aimer. »

« Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait. » (Chef Luther Standing Bear – Pieds nus sur la terre sacrée)

« C’est toujours de soi-même qu’on fait expérience. »

« L’épreuve de sa propre consistance. »

« Pendant plusieurs jours, j’habite un paysage, j’en prends lentement possession, j’en fais mon site. »

« Le paysage est un paquet de saveurs, de couleurs, où le corps infuse. »

« Marcher, cela fait imprégnation. »

« Le corps devient pétri de la terre qu’il foule. »

« Il n’est plus dans le paysage : il est le paysage. »

« Tout paysage absolument grandiose à la fois terrasse et traverse d’une énergie victorieuse celui qui l’a conquis en marchant. »

« L’exténuation et l’extase. »

« La joie simple d’éprouver son corps dans l’activité la plus archaïquement naturelle. »

« Le corps respire doucement, je vis et je suis là. »

« Par elle-même la marche, comme elle prend du temps, installe la présence. »

« Quand on se trouve au pied d’une montagne, si on l’a approchée de loin, ce n’est pas seulement l’oeil qui perçoit une image : le corps dans sa chair et ses muscles, s’en est nourri longtemps. »

« Tout ce qui me libère du temps et de l’espace m’aliène à la vitesse. »

« La lenteur est surtout le contraire de la précipitation. »

« L’illusion de vitesse, c’est de croire qu’elle fait gagner du temps. »

« La lenteur, c’est de coller parfaitement au temps, à ce point que les secondes s’égrènent, font du goutte à goutte comme une petite pluie sur la pierre. »

« Je suis un piéton, rien de plus. » (Rimbaud)

« En avant, route ! » (id.)

« Allons ! » (id.)

« Ce sens de marcher comme fuir. »

« Cette joie profonde, toujours, qu’on a en marchant, de laisser derrière soi. »

« Et cette joie immense, complémentaire, de la fatigue, de l’exténuation, de l’oubli de soi et du monde. »

« La marche permet donc ces moments de solitude partagée. parce que la solitude aussi se partage, comme le pain et le jour. »

« Il faut être seul pour marcher. au-delà de cinq, impossible de partager la solitude. »

« Marcher le matin, c’est comprendre la force des commencements naturels. »

A.

ADN d’accompagnement & témoignage de coaché.

« Mais… c’est quoi, ce que tu fais, exactement ?!… »

La « Valentine » par Ettore Sottsass, pour Olivetti . ©aurelievalat.

On me pose régulièrement cette question lorsque je dis que je travaille à partir du processus créatif, en me servant de l’écriture

« Mais… Ça veut dire quoi… processus créatif… ça consiste en quoi ? » « Concrètement – ça se passe comment ? » « Et les gens qui viennent te voir c’est pour quoi ? » « Et donc tu écris avec eux ?! »  « Mais l’authenticité en fait, c’est le fait de…euh… c’est le fait de… de… euh.. de quoi, en fait ? »  « Oui, donc c’est comme de l’art-thérapie ton truc, non ? » 

Il me semble que la meilleur façon de répondre à toutes ces questions, c’est de tenter de poser un genre d’adn – le plus spécifique et pratique possible – des accompagnements que je propose, et, de partager les témoignages des personnes que j’ai accompagné.

Si je commence par cette idée d’adn, je dirais que mes accompagnements se déclinent à partir de cinq points de repères essentiels : l’occasionle canevasle lieu à soi l’oblique et le fondement. 

Et voici quelques lignes pour les illustrer chacun  : 

L’OCCASION.
C’est précisément cette sensation d’impasse ou de cul-de-sac. Quelque chose bloque, quelque chose peine, quelque chose résiste, quelque chose empêche…. Or donc une charnière est en présence, toute prête à nous faire passer un cap. 
La faille, le frein, le problème… Voilà exactement notre opportunité et notre point de départ. 

LE CANEVAS.
C’est notre toile, notre cadre, sur et dans lequel nous allons progresser. Il prend appui sur le processus créatif et ses différentes étapes.
– la préparation : notre temps d’investigation 
– l’incubation (intimation) : on couve, on infuse
– l’illumination : « je me saisis de quelque chose »
– la vérification (formulation) : on met à l’épreuve et on articule en vue d’incarner, de transmettre, de résonner, d’impacter. 
Et oui, le coaching se déroule sous forme d’entretiens, mais oui, j’utilise beaucoup l’écriture. Mettre l’autre en écriture, autant du point de vue du processus que du contenu. 
Et bien sur, ce processus n’est pas linéaire, il est itératif et circulaire.

LE LIEU À SOI.
C’est un concept simple, inspiré du texte de Virginia Woolf : prendre le temps de poser l’espace du coaching comme « un lieu à soi » qui pourrait ressembler autant au bureau de l’auteur, qu’à la salle de répétition de l’acteur, qu’à l’atelier de l’artiste-artisan.
C’est son lieu de recherche et d’élaboration.
En s’appuyant autant sur notre intelligence corporelle, que nos capacités intellectuelles, que notre savoir-faire. 

L’OBLIQUE.
C’est une façon d’approcher le problème de biais, à sa périphérie.
Disons presque qu’on le contourne, qu’on le piège – sans plus trop se questionner sur le pourquoi ni ses supposées origines.
On le met à l’extérieur de soi et on prend appui sur lui.
On se sert par exemple, d’une présentation à faire ou d’une transition à opérer, d’une difficulté relationnelle ou d’un projet à élaborer…
Pour traiter un enjeu plus profond comme sa posture, sa place, sa communication, sa vision…
Si je devais poser une image, je dirais que l’on va se concentrer sur le moteur – ou tout autre partie du véhicule – pour en venir à modifier sa conduite.

Et enfin, LE FONDEMENT.
Il s’agit fondamentalement de reprendre la main sur son récit, sa narration. Retrouver son aptitude d’auteur-interprète et sa créativité.
Son espace de jeu, entre espace normé, contraint et espace plus vivant, plus libre.
Et la joie qui accompagne cette réappropriation : entre émancipation et autonomie. Avec ce sentiment de puissance et de créativité déployée. 

J’ai pris l’habitude de demander à mes coachés de m’écrire un témoignage à l’issue de notre collaboration.
Comme une trace, une inscription, autant pour eux, que pour moi.
Vous en trouverez certains sur mon site. Il me semble quils éclairent vraiment le process et donne à mieux comprendre de quoi il s’agit.  

Aujourd’hui, j’ai souhaité en mettre un particulièrement en lumière, car il illustre bien une dimension des accompagnements que je propose, entre coaching et écriture.

Gwénaëlle, architecte, est venue me voir avec le désir d’écrire un texte décrivant tout l’itinéraire d’un projet d’architecture particulièrement emblématique de son agence.
L’objectif était de pouvoir éditer un bel objet-livre représentant son travail dans toutes ses dimensions.
Un outil de communication en somme. 

Ce qui a été puissant et passionnant, c’est qu’en se focalisant sur un projet spécifique de son agence, avec cet objectif de livre à élaborer, elle en est venue à cheminer et à se développer sur sa posture-même de professionnelle, son approche d’architecture et sa communication à plusieurs niveaux.  

Je la remercie infiniment de sa confiance et d’avoir accepté de partager ainsi son généreux témoignage.
Car pour ma part, outre le grand bonheur que ça a été de collaborer avec elle, sa demande s’est située très précisément au cœur de mon dispositif d’accompagnement.

TÉMOIGNAGE de Gwénaëlle Morice -Studio la Boétie Architecte :

« Mon projet : concevoir un outil de communication pour présenter la singularité de mon activité d’architecte afin de cibler des maîtres d’ouvrage en parfaite adéquation avec mes méthodes de travail, mon terrain d’expertise et ma sensibilité.
Mon objectif était clair, la mise en forme l’était moins.
Mes idées s’accumulaient et s’entrechoquaient les unes aux autres et je ne parvenais pas à les assembler dans le bon ordre pour écrire.
J’ai contacté Aurélie Valat pour m’accompagner dans cette réalisation et m’aider à structurer le contenu et rédiger le propos afin d’aboutir à un outil au plus proche de mon objectif.

Je m’attendais à délivrer mon chaos interne en bloc et de façon instinctive à Aurélie afin qu’elle puisse en extraire l’essentiel et le mettre en forme.
D’une certaine façon je souhaitais me décharger de ce que je ressentais comme un fardeau trop lourd à porter seule, je souhaitais que quelqu’un organise ma pensée à ma place.
Je pris conscience bien plus tard que je demandais à Aurélie de recueillir le raisin fraichement cueilli par mes soins et d’en faire seule un grand cru. J’oubliais à ce moment-là qu’un grand cru naît du travail du temps, de la qualité et de la singularité de la terre et de l’engagement des hommes qui par leur travail, leur méticulosité, permettent ensemble que s’opère la vinification dans les règles de l’art.
Il s’agit là du respect d’un processus, d’un engagement de l’homme pour aboutir à une réalisation. 

J’ai 40 ans et dirige une entreprise d’architecture depuis plus de dix ans.

Ma terre est riche certes, mon raisin est de qualité mais sans Aurélie, sans sa perspicacité, sans sa détermination, sans son obstination à me faire dire les mots justes, articulés avec précisions il n’y aurait pas eu de grand cru.
J’ai perçu au terme de ce voyage, qu’il fallait m’engager et assumer la richesse sourde que je possédais et qui n’était en rien un fardeau.
J’ai compris au terme de nos échanges que ce sur quoi je butais, mon esprit foisonnant incapable d’organiser ses pensées, n’avait besoin que d’une chose pour dissiper la confusion, un soupçon de préparation.
Je m’attendais à recevoir un texte, j’ai rencontré une possibilité que je n’osais imaginer, organiser ma pensée de façon simple. 

Le travail final d’écriture est abouti bien au-delà de mes attentes et révèle avec subtilité et simplicité la densité de mon travail et de ma pensée.

Au terme de ce voyage, je me sens renforcée et ancrée, déterminée à poursuivre l’exercice de ma profession avec justesse, engagement et légèreté. C’est une renaissance personnelle et professionnelle, la matérialisation de 20 années de travail qui se sont révélées au travers des échanges avec Aurélie Valat.
Merci infiniment pour ces moments précieux dont je conserve précieusement en mémoire le goût du nectar. »