C.

Créativité

Musée Benaki, Athènes, Grèce – Mains de statuettes en marbre, 5ème-4ème siècles avant JC. (crédit photo : Aurélie Valat)

Ce qui nous saisit.


Don’t take it too seriously, hold on tightly, let go lightly.

Points de suspension, Peter Brook.

« C’est le moment de se réinventer !… Il faut des idées neuves !… Soyez cré-a-tifs !…».

Curieusement, au lieu de produire l’élan supposé, ces formules ont plutôt tendance à réveiller en nous résistances et autres freins.
 
Bien sûr, il y a le phénomène irritant de l’injonction – ce mode impératif et son effet de plaquage  – qui vient nous perturber dans notre façon d’être et de faire. 
Et qui peut nous laisser avec cette sensation très désagréable de ne pas faire ce qu’il faut, justement. De ne pas être ce qu’il faut. 

Mais mettons cela de côté – la contre-productivité de ce mode de l’injonction  – et concentrons-nous sur ce mot de CRÉATIVITÉ et sur ce qu’il implique.

Car en effet, que couve-t-il ce mot, pour qu’à son simple énoncé nous puissions ressentir – parfois, souvent – ce retrait complet d’énergie et d’initiative en nous ?

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É.

Émotion

Ce qui nous meut.

Aussi évident que cela puisse sembler, nous ne sommes pas égaux face à nos émotions. Que ce soit du point de vue de leur nature, que de leur manifestation.

Elles sont l’émanation directe de notre singularité

Notre expérience manifeste de l’autre, du monde et de nous-mêmes. 

Et tels des récits – des énigmes à percer – nos émotions portent en elles notre histoire.

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A.

Authenticité

L’authenticité, qu’est-ce que c’est ?

Que de mal on se donne avant de prendre son originalité chez soi, tout simplement. »

Notes sur le métier d’écrire, Jules Romain 
©Aurélie Valat

Du grec ancien authentikós : “se détermine par sa propre autorité”. 

Qui au-delà des apparences, exprime, manifeste, reflète, une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions.

Qui est de façon certaine l’œuvre de telle personne (auteur, artiste) : non altéré, pur.

Son être le plus vrai, sa personnalité la plus profonde.

Être authentique, c’est donner de la profondeur à ce que l’on fait.

R.

Regard Crétois

Nikos Kazantzakis – Lettre au Greco, extraits

Fresque du Jeu du Taureau, Musée Archéologique d’Héraklion

Je regardais les courses de taureaux peintes sur les murs, la grâce et la souplesse de la femme, la force infaillible de l’homme, et de quel œil intrépide ils affrontaient le taureau déchaîné et jouaient avec lui.  Ils ne le tuaient pas par amour comme cela se faisait dans les religions orientales, pour se mêler à lui, ni parce que la terreur s’emparait d’eux et qu’ils ne supportaient plus de le voir ; ils jouaient avec lui avec respect, avec entêtement, sans haine. Peut-être même avec reconnaissance : parce que cette lutte sacrée avec le taureau aiguisait les forces du Crétois, cultivait la souplesse et la grâce de son corps, la précision ardente et lucide de ses gestes, l’obéissance de sa volonté et la vaillance, si difficile à acquérir, qu’il faut pour affronter sans être envahi par l’épouvante la puissance effrayante de la bête. C’est ainsi que les Crétois ont transposé l’épouvante et en ont fait un jeu sublime, où la vertu de l’homme au contact direct de la toute-puissance absurde, se tendait et triomphait. Elle triomphait sans anéantir le taureau parce qu’elle ne le considérait pas comme un ennemi mais comme un collaborateur, sans lui le corps ne serait pas devenu si souple, si puissant, ni l’âme si vaillante. 
Il faut sûrement, pour avoir la force de soutenir la vue de la bête et de jouer un jeu si dangereux, un grand entraînement physique et spirituel ; mais une fois que l’on a acquis cet entraînement et que l’on est entré dans le climat du jeu, chacun de vos gestes devient simple, ferme, détendu, et votre œil contemple sans épouvante l’épouvante. 

L’Acrobate, Musée Archéologique d’Héraklion
J.

J comme Joie

L’ABÉCÉDAIRE DE GILLES DELEUZE, extraits

Claire Parnet : « Alors J c’est Joie
Alors c’est un concept auquel tu tiens beaucoup 
Puisque c’est un concept spinoziste
Et c’est Spinoza qui a fait de la Joie un Concept de résistance et de vie
« Évitons les passions tristes et vivons avec la joie pour être au maximum de notre puissance. Donc il faut fuir la résignation, la mauvaise conscience, la culpabilité, tous les affects tristes qu’exploitent prêtres, juges et psychanalystes. »
Donc, on voit tout à fait ce qui pouvait te plaire dans tout ça.
Alors, D’abord je voudrais que tu distingues la joie de la tristesse, et pour Spinoza et forcément pour toi. Est-ce que la distinction de Spinoza d’abord, est totalement la tienne, est-ce que tu as trouvé quelque chose le jour où tu as lu ça ?

Gilles Deleuze : « Oh oui parce que c’est les textes alors les plus extraordinairement chargés d’affect, chargé d’affect chez Spinoza.
Ça revient à dire il me semble, je simplifie beaucoup, mais ça revient à dire,
La joie c’est tout ce qui consiste à remplir une puissance.
(Voilà)
Vous éprouvez de la joie lorsque vous remplissez, lorsque vous effectuez une œuvre de puissance.
Alors qu’est-ce que c’est ?… Bon, bien, revenons à nos exemples…
« Je conquiers si peu que ce soit un morceau de couleur, j’entre un peu dans la couleur »
Tu te rends compte la joie que ça peut être ?… C’est ça, 
C’est ça remplir une puissance, effectuer une puissance.
J’ai rempli une puissance…
Mais alors, C’est le mot puissance qui est équivoque
Au contraire, la tristesse c’est quoi ?  C’est lorsque je suis séparé d’une puissance que, à tort ou à raison, ou dont à tort ou à raison je me croyais capable 
« Aaah j’aurais pu faire ça… mais aaah… les circonstances ou bien, ou bien c’était pas permis, ou bien etc… » 
Alors là, c’est la tristesse.
Il faudrait dire, toute tristesse est l’effet d’un pouvoir sur moi 
(cut technique)
Oui je dis, effectuer quelque chose de sa puissance c’est toujours bon
C’est ce que dit Spinoza
Évidemment ça pose des problèmes et il faut des précisions, 
C’est que… y’a pas de puissance mauvaise quoi 
Pas de puissance mauvaise
Ce qui est mauvais c’est… c’est pas, ce qui est mauvais ou bien, ce qui est mauvais, il faudrait dire, c’est le plus bas degré de la puissance 
Et le plus bas degré de la puissance c’est le pouvoir
Je vais dire, la méchanceté c’est quoi ? c’est empêcher quelqu’un de faire ce qu’il peut, 
La méchanceté c’est empêcher quelqu’un de faire, d’effectuer sa puissance 
Si bien que y’a pas de puissances mauvaises, y’a des pouvoirs méchants
Et Peut-être que… tout pouvoir est… peut-être que tout pouvoir est méchant par nature pas forcément, c’est peut-être trop facile de dire ça…
(…)
Je ne connais pas de puissance qui soit méchante
Exemple : typhon, il ne se réjouit pas d’abattre les maisons, il se réjouit d’être
Se réjouir c’est se réjouir d’être ce qu’on est
C’est à dire d’être arrivé là où on en est
Alors c’est pas la joie de soi-même 
C’est pas d’être content de soi, la joie
Pas du tout, c’est pas le plaisir d’être content de soi
C’est le plaisir de la conquête
Mais la conquête ça consiste pas à servir des gens
La conquête c’est par exemple pour un peintre conquérir la couleur 
Oui ça c’est une conquête, là c’est la joie 
Même si ça tourne mal, parce que dans ces histoires de puissance quand on conquiert une puissance ou quand on conquiert quelque chose dans une puissance, ça risque d’être trop puissant pour la personne même
Donc il craquera…



G.

Gestalt-thérapie

Présentation faite à « L’Académie du Coaching ». (04/07/2018)

Ce livre, comme son titre l’indique a deux objectifs : situer La G-Thérapie dans une filiation philosophique et psychologique, tout en mettant en valeur son originalité.
ET, transmettre quelques points de repères théoriques, cliniques et méthodologiques qui fondent la posture du G-thérapeute.

Pour commencer, posons-nous un instant sur ce mot, GESTALT.

Selon Chantal Masquelier-Savatier, son sens reste énigmatique. Il n’y a pas un mot qui le traduit pleinement.

Souvent on utilise le mot «forme». Mais c’est plus complexe.

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A.

ADN d’accompagnement & témoignage de coaché.

« Mais… c’est quoi, ce que tu fais, exactement ?!… »

La « Valentine » par Ettore Sottsass, pour Olivetti . ©aurelievalat.

On me pose régulièrement cette question lorsque je dis que je travaille à partir du processus créatif, en me servant de l’écriture

« Mais… Ça veut dire quoi… processus créatif… ça consiste en quoi ? » « Concrètement – ça se passe comment ? » « Et les gens qui viennent te voir c’est pour quoi ? » « Et donc tu écris avec eux ?! »  « Mais l’authenticité en fait, c’est le fait de…euh… c’est le fait de… de… euh.. de quoi, en fait ? »  « Oui, donc c’est comme de l’art-thérapie ton truc, non ? » 

Il me semble que la meilleur façon de répondre à toutes ces questions, c’est de tenter de poser un genre d’adn – le plus spécifique et pratique possible – des accompagnements que je propose, et, de partager les témoignages des personnes que j’ai accompagné.

Si je commence par cette idée d’adn, je dirais que mes accompagnements se déclinent à partir de cinq points de repères essentiels : l’occasionle canevasle lieu à soi l’oblique et le fondement. 

Et voici quelques lignes pour les illustrer chacun  : 

L’OCCASION.
C’est précisément cette sensation d’impasse ou de cul-de-sac. Quelque chose bloque, quelque chose peine, quelque chose résiste, quelque chose empêche…. Or donc une charnière est en présence, toute prête à nous faire passer un cap. 
La faille, le frein, le problème… Voilà exactement notre opportunité et notre point de départ. 

A.

Atelier de réparation

L’Atelier Contemporain – Fancis Ponge

©Aurélie Valat

« Tandis qu’en ceux que nous évoquions tout à l’heure
s’observait une animation méthodique, des plus régulièrement répartie,
comme si (chaque cellule tournant certes très vite, à la façon d’une turbine ou d’un moteur) l’ensemble (y compris les hommes employés à l’intérieur) donnait l’idée mettons d’une grande plaie où brûlure superficielle en train merveilleusement de se cicatriser (ainsi quelque centrale électrique ou atelier de métallurgie), c’est tout autre chose qu’évoque, dans ceux dont nous parlons maintenant,
l’activité spasmodique, parfois accélérée, souvent ralentie,
le comportement et la figure même de l’être que nous y observons.
Voyez ces yeux, leur expression muette, ces gestes lents
et ces précautions ; et cet empêtrement ; et parfois même, cette immobilité pathétique des nymphes.
Ah ! pour nous expliquer au plus vite, disons qu’il s’agit ici,
sur le corps de certains bâtiments, comme parfois sur la branche d’un arbre ou sur la feuille du mûrier, d’une sorte de nid d’insectes, – d’une sorte de cocons.
Et donc, bien sûr encore, d’un local ou d’un bocal organique, mais construit par l’individu lui-même pour s’y enclore longuement,
sans cesser d’y bénéficier pour autant, par transparence,
de la lumière du jour.
Et à quelle activité s’y livre-t-il donc ?
Eh bien, tout simplement (et tout tragiquement), à sa métamorphose. »

C.

CHRONIQUE DE JURÉE, d’une Certification de Coach Professionnel.

Black door with red, Georgia O’Keeffe – 1954

« Tableau Excel & Flou artistique »

Tout commence par un coup de fil. 

Celui d’une de mes anciennes professeures de L’Académie du Coaching. 

Surprise et ravie de recevoir son appel, nous échangeons quelques nouvelles avant d’en venir à « la » question : 

 – Tu serais partante pour être dans le jury de la promo 33… Sur l’épreuve « étude de cas » ?

L’enfant intérieur en moi, qui est globalement un grand oui partant pour tout, s’enthousiasme en quatre secondes. La protection me rappelle à mon agenda et à ma disponibilité. L’ancienne élève, se sent nimbée de reconnaissance, façon glitter scintillant. Et légitimité j’écris ton nom, se met à paniquer sur ma capacité à pouvoir le faire.  
Bien sûr, tata surmoi, déboule blasée : « ils ont dû se faire planter par quelqu’un en lastminute.com, t’emballe pas. »
Et enfin, mon petit gremlins materialiste me rappelle que c’est gratuit. 

– Écoute j’adorerais, mais je dois juste vérifier quelque chose quant à ma disponibilité. Tu me laisse 24h pour revenir vers toi ? 

Elle acquiesce et je raccroche. Temps. 

Le sentiment qui domine c’est : l’envie. De le faire, de participer, de prendre part, d’apprendre, de réviser, de préparer, d’écouter, de voir, d’analyser… D’en être quoi ! Et ayant toujours eu le goût de la transmission, toute expérience qui s’en rapproche de près ou de loin, me semble une bonne idée. 

Le lendemain, après validation emploi du temps-disponibilité et nuit de réflexion (incontournable pour les grands enthousiastes comme moi, qui ont tendance à la surchauffe), je confirme ma participation. 

Dans la foulée, je reçois plusieurs documents de sa part, afin de m’actualiser sur le processus de certification « aujourd’hui ». 

Première réaction face aux multiples petits carré « X blanc sur fond vert » en bas de mail : angoisse-aversion. 

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M.

Marcher

« Revue de lecture. »

« La liberté suspensive offerte par la marche. »

« La liberté en marchant c’est de n’être personne. »

« Se délester du fardeau des soucis, oublier un temps ses affaires. »

« La marche seule parvient à nous libérer des illusions de l’indispensable. »

« Entailler l’opacité du monde. »

« L’appel du sauvage. »

« Une force pure au milieu des grands arbres. »

« L’évidence retrouvée du silence, d’abord comme transparence. Tout est calme, attentif et tout repose. »

« Le marcheur se rendant présent à la présence. »

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