L’authenticité, qu’est-ce que c’est ?

Que de mal on se donne avant de prendre son originalité chez soi, tout simplement. »

Notes sur le métier d’écrire, Jules Romain 
©Aurélie Valat

Du grec ancien authentikós : “se détermine par sa propre autorité”. 

Qui au-delà des apparences, exprime, manifeste, reflète, une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions.

Qui est de façon certaine l’œuvre de telle personne (auteur, artiste) : non altéré, pur.

Son être le plus vrai, sa personnalité la plus profonde.

Être authentique, c’est donner de la profondeur à ce que l’on fait.

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M.

Marcher

« Revue de lecture. »

« La liberté suspensive offerte par la marche. »

« La liberté en marchant c’est de n’être personne. »

« Se délester du fardeau des soucis, oublier un temps ses affaires. »

« La marche seule parvient à nous libérer des illusions de l’indispensable. »

« Entailler l’opacité du monde. »

« L’appel du sauvage. »

« Une force pure au milieu des grands arbres. »

« L’évidence retrouvée du silence, d’abord comme transparence. Tout est calme, attentif et tout repose. »

« Le marcheur se rendant présent à la présence. »

« Marcher. Cela saisit d’abord, comme une immense respiration des oreilles : on reçoit le silence comme un grand vent frais qui chasse les nuages. »

« Marcher fait taire soudain les rumeurs et les plaintes, arrête l’interminable bavardage intérieur par lequel sans cesse on commente les autres, on s’évalue soi-même, on recompose, on interprète. »

« Marcher fait taire l’indéfini soliloque où remontent les rancoeurs aigres, les contentements imbéciles, les vengeances faciles. »

« Ne devenir plus qu’un corps interminablement marchant. »

« À sa cadence. »

« Parce qu’il s’agit bien, en marchant, de trouver son rythme fondamental, et de le garder. »

« Parce qu’aller à son pas, ce n’est pas marcher de manière absolument uniforme, totalement régulière. »

« Accompagner le temps, se mettre à son pas comme on fait avec un enfant. »

« Une fois dehors, le corps va à son rythme et l’esprit se sent libre, c’est-à-dire disponible. »

« Redécouvrir la légèreté de vivre, la douceur d’une âme librement accordée à elle-même et au monde. »

« Sa profonde harmonie intérieure. »

« La disponibilité, c’est une synthèse rare d’abandon et d’activité. »

« Penser en marchant, marcher en pensant, et que l’écriture ne soit que la pause légère. »

« On n’écrit bien qu’avec ses pieds. » (Nietzsche – Le Gai Savoir)

« Il est vain de s’asseoir pour écrire quand on ne se s’est jamais levé pour vivre. » (Thoreau – Journal)

« Marcher longtemps pour retrouver en lui l’homme d’autrefois, le premier homme. »

« Il faut marcher longtemps pour réapprendre à s’aimer. »

« Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait. » (Chef Luther Standing Bear – Pieds nus sur la terre sacrée)

« C’est toujours de soi-même qu’on fait expérience. »

« L’épreuve de sa propre consistance. »

« Pendant plusieurs jours, j’habite un paysage, j’en prends lentement possession, j’en fais mon site. »

« Le paysage est un paquet de saveurs, de couleurs, où le corps infuse. »

« Marcher, cela fait imprégnation. »

« Le corps devient pétri de la terre qu’il foule. »

« Il n’est plus dans le paysage : il est le paysage. »

« Tout paysage absolument grandiose à la fois terrasse et traverse d’une énergie victorieuse celui qui l’a conquis en marchant. »

« L’exténuation et l’extase. »

« La joie simple d’éprouver son corps dans l’activité la plus archaïquement naturelle. »

« Le corps respire doucement, je vis et je suis là. »

« Par elle-même la marche, comme elle prend du temps, installe la présence. »

« Quand on se trouve au pied d’une montagne, si on l’a approchée de loin, ce n’est pas seulement l’oeil qui perçoit une image : le corps dans sa chair et ses muscles, s’en est nourri longtemps. »

« Tout ce qui me libère du temps et de l’espace m’aliène à la vitesse. »

« La lenteur est surtout le contraire de la précipitation. »

« L’illusion de vitesse, c’est de croire qu’elle fait gagner du temps. »

« La lenteur, c’est de coller parfaitement au temps, à ce point que les secondes s’égrènent, font du goutte à goutte comme une petite pluie sur la pierre. »

« Je suis un piéton, rien de plus. » (Rimbaud)

« En avant, route ! » (id.)

« Allons ! » (id.)

« Ce sens de marcher comme fuir. »

« Cette joie profonde, toujours, qu’on a en marchant, de laisser derrière soi. »

« Et cette joie immense, complémentaire, de la fatigue, de l’exténuation, de l’oubli de soi et du monde. »

« La marche permet donc ces moments de solitude partagée. parce que la solitude aussi se partage, comme le pain et le jour. »

« Il faut être seul pour marcher. au-delà de cinq, impossible de partager la solitude. »

« Marcher le matin, c’est comprendre la force des commencements naturels. »

J.

J comme Joie

L’ABÉCÉDAIRE DE GILLES DELEUZE, extraits

Claire Parnet : « Alors J c’est Joie
Alors c’est un concept auquel tu tiens beaucoup 
Puisque c’est un concept spinoziste
Et c’est Spinoza qui a fait de la Joie un Concept de résistance et de vie
« Évitons les passions tristes et vivons avec la joie pour être au maximum de notre puissance. Donc il faut fuir la résignation, la mauvaise conscience, la culpabilité, tous les affects tristes qu’exploitent prêtres, juges et psychanalystes. »
Donc, on voit tout à fait ce qui pouvait te plaire dans tout ça.
Alors, D’abord je voudrais que tu distingues la joie de la tristesse, et pour Spinoza et forcément pour toi. Est-ce que la distinction de Spinoza d’abord, est totalement la tienne, est-ce que tu as trouvé quelque chose le jour où tu as lu ça ?

Gilles Deleuze : « Oh oui parce que c’est les textes alors les plus extraordinairement chargés d’affect, chargé d’affect chez Spinoza.
Ça revient à dire il me semble, je simplifie beaucoup, mais ça revient à dire,
La joie c’est tout ce qui consiste à remplir une puissance.
(Voilà)
Vous éprouvez de la joie lorsque vous remplissez, lorsque vous effectuez une œuvre de puissance.
Alors qu’est-ce que c’est ?… Bon, bien, revenons à nos exemples…
« Je conquiers si peu que ce soit un morceau de couleur, j’entre un peu dans la couleur »
Tu te rends compte la joie que ça peut être ?… C’est ça, 
C’est ça remplir une puissance, effectuer une puissance.
J’ai rempli une puissance…
Mais alors, C’est le mot puissance qui est équivoque
Au contraire, la tristesse c’est quoi ?  C’est lorsque je suis séparé d’une puissance que, à tort ou à raison, ou dont à tort ou à raison je me croyais capable 
« Aaah j’aurais pu faire ça… mais aaah… les circonstances ou bien, ou bien c’était pas permis, ou bien etc… » 
Alors là, c’est la tristesse.
Il faudrait dire, toute tristesse est l’effet d’un pouvoir sur moi 
(cut technique)
Oui je dis, effectuer quelque chose de sa puissance c’est toujours bon
C’est ce que dit Spinoza
Évidemment ça pose des problèmes et il faut des précisions, 
C’est que… y’a pas de puissance mauvaise quoi 
Pas de puissance mauvaise
Ce qui est mauvais c’est… c’est pas, ce qui est mauvais ou bien, ce qui est mauvais, il faudrait dire, c’est le plus bas degré de la puissance 
Et le plus bas degré de la puissance c’est le pouvoir
Je vais dire, la méchanceté c’est quoi ? c’est empêcher quelqu’un de faire ce qu’il peut, 
La méchanceté c’est empêcher quelqu’un de faire, d’effectuer sa puissance 
Si bien que y’a pas de puissances mauvaises, y’a des pouvoirs méchants
Et Peut-être que… tout pouvoir est… peut-être que tout pouvoir est méchant par nature pas forcément, c’est peut-être trop facile de dire ça…
(…)
Je ne connais pas de puissance qui soit méchante
Exemple : typhon, il ne se réjouit pas d’abattre les maisons, il se réjouit d’être
Se réjouir c’est se réjouir d’être ce qu’on est
C’est à dire d’être arrivé là où on en est
Alors c’est pas la joie de soi-même 
C’est pas d’être content de soi, la joie
Pas du tout, c’est pas le plaisir d’être content de soi
C’est le plaisir de la conquête
Mais la conquête ça consiste pas à servir des gens
La conquête c’est par exemple pour un peintre conquérir la couleur 
Oui ça c’est une conquête, là c’est la joie 
Même si ça tourne mal, parce que dans ces histoires de puissance quand on conquiert une puissance ou quand on conquiert quelque chose dans une puissance, ça risque d’être trop puissant pour la personne même
Donc il craquera…