L’Atelier Contemporain – Fancis Ponge

©Aurélie Valat

« Tandis qu’en ceux que nous évoquions tout à l’heure
s’observait une animation méthodique, des plus régulièrement répartie,
comme si (chaque cellule tournant certes très vite, à la façon d’une turbine ou d’un moteur) l’ensemble (y compris les hommes employés à l’intérieur) donnait l’idée mettons d’une grande plaie où brûlure superficielle en train merveilleusement de se cicatriser (ainsi quelque centrale électrique ou atelier de métallurgie), c’est tout autre chose qu’évoque, dans ceux dont nous parlons maintenant,
l’activité spasmodique, parfois accélérée, souvent ralentie,
le comportement et la figure même de l’être que nous y observons.
Voyez ces yeux, leur expression muette, ces gestes lents
et ces précautions ; et cet empêtrement ; et parfois même, cette immobilité pathétique des nymphes.
Ah ! pour nous expliquer au plus vite, disons qu’il s’agit ici,
sur le corps de certains bâtiments, comme parfois sur la branche d’un arbre ou sur la feuille du mûrier, d’une sorte de nid d’insectes, – d’une sorte de cocons.
Et donc, bien sûr encore, d’un local ou d’un bocal organique, mais construit par l’individu lui-même pour s’y enclore longuement,
sans cesser d’y bénéficier pour autant, par transparence,
de la lumière du jour.
Et à quelle activité s’y livre-t-il donc ?
Eh bien, tout simplement (et tout tragiquement), à sa métamorphose. »

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M.

Marcher

« Revue de lecture. »

« La liberté suspensive offerte par la marche. »

« La liberté en marchant c’est de n’être personne. »

« Se délester du fardeau des soucis, oublier un temps ses affaires. »

« La marche seule parvient à nous libérer des illusions de l’indispensable. »

« Entailler l’opacité du monde. »

« L’appel du sauvage. »

« Une force pure au milieu des grands arbres. »

« L’évidence retrouvée du silence, d’abord comme transparence. Tout est calme, attentif et tout repose. »

« Le marcheur se rendant présent à la présence. »

« Marcher. Cela saisit d’abord, comme une immense respiration des oreilles : on reçoit le silence comme un grand vent frais qui chasse les nuages. »

« Marcher fait taire soudain les rumeurs et les plaintes, arrête l’interminable bavardage intérieur par lequel sans cesse on commente les autres, on s’évalue soi-même, on recompose, on interprète. »

« Marcher fait taire l’indéfini soliloque où remontent les rancoeurs aigres, les contentements imbéciles, les vengeances faciles. »

« Ne devenir plus qu’un corps interminablement marchant. »

« À sa cadence. »

« Parce qu’il s’agit bien, en marchant, de trouver son rythme fondamental, et de le garder. »

« Parce qu’aller à son pas, ce n’est pas marcher de manière absolument uniforme, totalement régulière. »

« Accompagner le temps, se mettre à son pas comme on fait avec un enfant. »

« Une fois dehors, le corps va à son rythme et l’esprit se sent libre, c’est-à-dire disponible. »

« Redécouvrir la légèreté de vivre, la douceur d’une âme librement accordée à elle-même et au monde. »

« Sa profonde harmonie intérieure. »

« La disponibilité, c’est une synthèse rare d’abandon et d’activité. »

« Penser en marchant, marcher en pensant, et que l’écriture ne soit que la pause légère. »

« On n’écrit bien qu’avec ses pieds. » (Nietzsche – Le Gai Savoir)

« Il est vain de s’asseoir pour écrire quand on ne se s’est jamais levé pour vivre. » (Thoreau – Journal)

« Marcher longtemps pour retrouver en lui l’homme d’autrefois, le premier homme. »

« Il faut marcher longtemps pour réapprendre à s’aimer. »

« Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait. » (Chef Luther Standing Bear – Pieds nus sur la terre sacrée)

« C’est toujours de soi-même qu’on fait expérience. »

« L’épreuve de sa propre consistance. »

« Pendant plusieurs jours, j’habite un paysage, j’en prends lentement possession, j’en fais mon site. »

« Le paysage est un paquet de saveurs, de couleurs, où le corps infuse. »

« Marcher, cela fait imprégnation. »

« Le corps devient pétri de la terre qu’il foule. »

« Il n’est plus dans le paysage : il est le paysage. »

« Tout paysage absolument grandiose à la fois terrasse et traverse d’une énergie victorieuse celui qui l’a conquis en marchant. »

« L’exténuation et l’extase. »

« La joie simple d’éprouver son corps dans l’activité la plus archaïquement naturelle. »

« Le corps respire doucement, je vis et je suis là. »

« Par elle-même la marche, comme elle prend du temps, installe la présence. »

« Quand on se trouve au pied d’une montagne, si on l’a approchée de loin, ce n’est pas seulement l’oeil qui perçoit une image : le corps dans sa chair et ses muscles, s’en est nourri longtemps. »

« Tout ce qui me libère du temps et de l’espace m’aliène à la vitesse. »

« La lenteur est surtout le contraire de la précipitation. »

« L’illusion de vitesse, c’est de croire qu’elle fait gagner du temps. »

« La lenteur, c’est de coller parfaitement au temps, à ce point que les secondes s’égrènent, font du goutte à goutte comme une petite pluie sur la pierre. »

« Je suis un piéton, rien de plus. » (Rimbaud)

« En avant, route ! » (id.)

« Allons ! » (id.)

« Ce sens de marcher comme fuir. »

« Cette joie profonde, toujours, qu’on a en marchant, de laisser derrière soi. »

« Et cette joie immense, complémentaire, de la fatigue, de l’exténuation, de l’oubli de soi et du monde. »

« La marche permet donc ces moments de solitude partagée. parce que la solitude aussi se partage, comme le pain et le jour. »

« Il faut être seul pour marcher. au-delà de cinq, impossible de partager la solitude. »

« Marcher le matin, c’est comprendre la force des commencements naturels. »

A.

ADN d’accompagnement & témoignage de coaché.

« Mais… c’est quoi, ce que tu fais, exactement ?!… »

La « Valentine » par Ettore Sottsass, pour Olivetti . ©aurelievalat.

On me pose régulièrement cette question lorsque je dis que je travaille à partir du processus créatif, en me servant de l’écriture

« Mais… Ça veut dire quoi… processus créatif… ça consiste en quoi ? » « Concrètement – ça se passe comment ? » « Et les gens qui viennent te voir c’est pour quoi ? » « Et donc tu écris avec eux ?! »  « Mais l’authenticité en fait, c’est le fait de…euh… c’est le fait de… de… euh.. de quoi, en fait ? »  « Oui, donc c’est comme de l’art-thérapie ton truc, non ? » 

Il me semble que la meilleur façon de répondre à toutes ces questions, c’est de tenter de poser un genre d’adn – le plus spécifique et pratique possible – des accompagnements que je propose, et, de partager les témoignages des personnes que j’ai accompagné.

Si je commence par cette idée d’adn, je dirais que mes accompagnements se déclinent à partir de cinq points de repères essentiels : l’occasionle canevasle lieu à soi l’oblique et le fondement. 

Et voici quelques lignes pour les illustrer chacun  : 

L’OCCASION.
C’est précisément cette sensation d’impasse ou de cul-de-sac. Quelque chose bloque, quelque chose peine, quelque chose résiste, quelque chose empêche…. Or donc une charnière est en présence, toute prête à nous faire passer un cap. 
La faille, le frein, le problème… Voilà exactement notre opportunité et notre point de départ. 

LE CANEVAS.
C’est notre toile, notre cadre, sur et dans lequel nous allons progresser. Il prend appui sur le processus créatif et ses différentes étapes.
– la préparation : notre temps d’investigation 
– l’incubation (intimation) : on couve, on infuse
– l’illumination : « je me saisis de quelque chose »
– la vérification (formulation) : on met à l’épreuve et on articule en vue d’incarner, de transmettre, de résonner, d’impacter. 
Et oui, le coaching se déroule sous forme d’entretiens, mais oui, j’utilise beaucoup l’écriture. Mettre l’autre en écriture, autant du point de vue du processus que du contenu. 
Et bien sur, ce processus n’est pas linéaire, il est itératif et circulaire.

LE LIEU À SOI.
C’est un concept simple, inspiré du texte de Virginia Woolf : prendre le temps de poser l’espace du coaching comme « un lieu à soi » qui pourrait ressembler autant au bureau de l’auteur, qu’à la salle de répétition de l’acteur, qu’à l’atelier de l’artiste-artisan.
C’est son lieu de recherche et d’élaboration.
En s’appuyant autant sur notre intelligence corporelle, que nos capacités intellectuelles, que notre savoir-faire. 

L’OBLIQUE.
C’est une façon d’approcher le problème de biais, à sa périphérie.
Disons presque qu’on le contourne, qu’on le piège – sans plus trop se questionner sur le pourquoi ni ses supposées origines.
On le met à l’extérieur de soi et on prend appui sur lui.
On se sert par exemple, d’une présentation à faire ou d’une transition à opérer, d’une difficulté relationnelle ou d’un projet à élaborer…
Pour traiter un enjeu plus profond comme sa posture, sa place, sa communication, sa vision…
Si je devais poser une image, je dirais que l’on va se concentrer sur le moteur – ou tout autre partie du véhicule – pour en venir à modifier sa conduite.

Et enfin, LE FONDEMENT.
Il s’agit fondamentalement de reprendre la main sur son récit, sa narration. Retrouver son aptitude d’auteur-interprète et sa créativité.
Son espace de jeu, entre espace normé, contraint et espace plus vivant, plus libre.
Et la joie qui accompagne cette réappropriation : entre émancipation et autonomie. Avec ce sentiment de puissance et de créativité déployée. 

J’ai pris l’habitude de demander à mes coachés de m’écrire un témoignage à l’issue de notre collaboration.
Comme une trace, une inscription, autant pour eux, que pour moi.
Vous en trouverez certains sur mon site. Il me semble quils éclairent vraiment le process et donne à mieux comprendre de quoi il s’agit.  

Aujourd’hui, j’ai souhaité en mettre un particulièrement en lumière, car il illustre bien une dimension des accompagnements que je propose, entre coaching et écriture.

Gwénaëlle, architecte, est venue me voir avec le désir d’écrire un texte décrivant tout l’itinéraire d’un projet d’architecture particulièrement emblématique de son agence.
L’objectif était de pouvoir éditer un bel objet-livre représentant son travail dans toutes ses dimensions.
Un outil de communication en somme. 

Ce qui a été puissant et passionnant, c’est qu’en se focalisant sur un projet spécifique de son agence, avec cet objectif de livre à élaborer, elle en est venue à cheminer et à se développer sur sa posture-même de professionnelle, son approche d’architecture et sa communication à plusieurs niveaux.  

Je la remercie infiniment de sa confiance et d’avoir accepté de partager ainsi son généreux témoignage.
Car pour ma part, outre le grand bonheur que ça a été de collaborer avec elle, sa demande s’est située très précisément au cœur de mon dispositif d’accompagnement.

TÉMOIGNAGE de Gwénaëlle Morice -Studio la Boétie Architecte :

« Mon projet : concevoir un outil de communication pour présenter la singularité de mon activité d’architecte afin de cibler des maîtres d’ouvrage en parfaite adéquation avec mes méthodes de travail, mon terrain d’expertise et ma sensibilité.
Mon objectif était clair, la mise en forme l’était moins.
Mes idées s’accumulaient et s’entrechoquaient les unes aux autres et je ne parvenais pas à les assembler dans le bon ordre pour écrire.
J’ai contacté Aurélie Valat pour m’accompagner dans cette réalisation et m’aider à structurer le contenu et rédiger le propos afin d’aboutir à un outil au plus proche de mon objectif.

Je m’attendais à délivrer mon chaos interne en bloc et de façon instinctive à Aurélie afin qu’elle puisse en extraire l’essentiel et le mettre en forme.
D’une certaine façon je souhaitais me décharger de ce que je ressentais comme un fardeau trop lourd à porter seule, je souhaitais que quelqu’un organise ma pensée à ma place.
Je pris conscience bien plus tard que je demandais à Aurélie de recueillir le raisin fraichement cueilli par mes soins et d’en faire seule un grand cru. J’oubliais à ce moment-là qu’un grand cru naît du travail du temps, de la qualité et de la singularité de la terre et de l’engagement des hommes qui par leur travail, leur méticulosité, permettent ensemble que s’opère la vinification dans les règles de l’art.
Il s’agit là du respect d’un processus, d’un engagement de l’homme pour aboutir à une réalisation. 

J’ai 40 ans et dirige une entreprise d’architecture depuis plus de dix ans.

Ma terre est riche certes, mon raisin est de qualité mais sans Aurélie, sans sa perspicacité, sans sa détermination, sans son obstination à me faire dire les mots justes, articulés avec précisions il n’y aurait pas eu de grand cru.
J’ai perçu au terme de ce voyage, qu’il fallait m’engager et assumer la richesse sourde que je possédais et qui n’était en rien un fardeau.
J’ai compris au terme de nos échanges que ce sur quoi je butais, mon esprit foisonnant incapable d’organiser ses pensées, n’avait besoin que d’une chose pour dissiper la confusion, un soupçon de préparation.
Je m’attendais à recevoir un texte, j’ai rencontré une possibilité que je n’osais imaginer, organiser ma pensée de façon simple. 

Le travail final d’écriture est abouti bien au-delà de mes attentes et révèle avec subtilité et simplicité la densité de mon travail et de ma pensée.

Au terme de ce voyage, je me sens renforcée et ancrée, déterminée à poursuivre l’exercice de ma profession avec justesse, engagement et légèreté. C’est une renaissance personnelle et professionnelle, la matérialisation de 20 années de travail qui se sont révélées au travers des échanges avec Aurélie Valat.
Merci infiniment pour ces moments précieux dont je conserve précieusement en mémoire le goût du nectar. »